- FRANCE - Données naturelles
- FRANCE - Données naturelles550 000 kilomètres carrés, cinquante-sept millions d’habitants, telles sont les données majeures de l’espace français, ce qui le classe au 39e rang pour la superficie et au 18e rang pour la population, parmi les États du globe. Pourtant, la France a longtemps compté au nombre des premières puissances pour sa richesse et son rôle international et, maintenant encore, il lui arrive de figurer parmi les «Quatre Grands», les «Cinq Grands». Quelles sont les raisons de ce prestige et de cette autorité internationale? Il faut les chercher, bien sûr, un peu dans son passé prestigieux, un peu dans son importance économique, qui la situe au 5e rang environ dans le classement mondial, mais surtout dans la position remarquable de son territoire parmi les terres émergées.Dix-neuf fois plus petit que celui des États-Unis, quarante-cinq fois plus petit que celui de l’ex-U.R.S.S., le territoire français s’étend entre le 42e et le 51e degré de latitude nord, c’est-à-dire à mi-distance du pôle et de l’équateur, dans ces latitudes tempérées où se rencontrent les pays actuellement les plus développés économiquement. Les caractéristiques climatiques qui en découlent semblent en effet favorables aussi bien à l’intensité de l’utilisation du sol qu’à l’activité des habitants.Situé à l’extrémité de l’Europe occidentale, continent varié, morcelé, où la terre et la mer se pénètrent étroitement, où les chaînes de montagnes se ramifient et se juxtaposent, le territoire français offre une sorte de résumé des différentes régions européennes.1. Un relief morceléLe relief, tout d’abord, montre une extrême diversité. Les plaines, plateaux et collines de l’Ouest constituent environ les trois cinquièmes de la surface totale. On y distingue plusieurs ensembles. Au nord, la plaine qui s’appuie aux collines de l’ Artois et au rebord de l’Ardenne n’est que le prolongement de la grande plaine nord-européenne; elle est constituée par des couches sédimentaires de terrains récents qui descendent insensiblement vers la mer du Nord; le relief est faible, et une partie des basses terres, en Flandre maritime, ont été gagnées sur les eaux par un patient travail de polders; les rivières calmes et régulières coulent vers la Belgique et les bouches de l’Escaut. Au sud des collines de l’Artois, une série de grands bassins sédimentaires se juxtaposent jusqu’à la chaîne pyrénéenne. Le Bassin parisien, entourant la vallée de la Seine, est constitué par une série de couches géologiques de plus en plus anciennes, à mesure qu’on s’éloigne du centre, qui plongent vers la cuvette parisienne et orléanaise; des plaines bordées de côtes dissymétriques, des plateaux souvent calcaires en forment l’essentiel. Au sud, la gouttière de la Loire étire son large val entre les plateaux du Maine et les collines et vallées du Berry et du seuil Poitou-Vendée. Au sud-ouest enfin, le bassin dissymétrique d’Aquitaine descend doucement des pentes du Massif central, tandis qu’il est dominé au sud par la puissante chaîne des Pyrénées. L’ensemble de collines et de plaines est drainé dans sa partie centrale par la Garonne et ses affluents. Cette commune disposition en bassins ou en gouttières a favorisé l’éclosion de villes-carrefours importantes, jalonnant les vallées: Paris, Rouen, Le Havre pour la vallée de la Seine; Orléans, Tours, Angers, Nantes pour celle de la Loire; Toulouse et Bordeaux pour celle de la Garonne.Encadrant les régions basses, le bâti hercynien, vieux squelette de la France, dessine un gigantesque V. Ces montagnes représentent la partie la plus vieille du territoire. Nulle part elles ne dépassent 2 000 m (point culminant: puy de Sancy, 1 886 m). Au nord-est, l’extrémité occidentale de l’Ardenne, montagne primaire plissée, basculée et soulevée au Tertiaire, est traversée en gorges par la Sambre et la Meuse qui se prolongent en Belgique et en Allemagne. Puis les Vosges, cristallines au sud, mal dégagées de leur couverture de grès triasique au nord, culminent au Grand Ballon (ballon de Guebwiller), à 1 423 m d’altitude; elles plongent progressivement sous les plateaux gréseux et boisés de la Lorraine à l’ouest, alors qu’elles tombent rapidement sur le fossé d’Alsace-Bade à l’est, par un escarpement symétrique à celui de la Forêt-Noire, qui leur fait face en territoire allemand, et qui a même origine et même évolution géologique. Le Massif central est la plus vaste région montagneuse de la France: avec 90 000 km2, il occupe près d’un sixième de la surface totale; jadis constitué par des chaînes élevées, il a été complètement raboté par les périodes d’érosion qui se sont succédé depuis le Primaire, puis soulevé au Tertiaire par le contrecoup des mouvements alpins, qui y ont déterminé un rebord vigoureux à l’est et au sud-est (Vivarais, Cévennes, sommets de 1 500 à 1 600 m d’altitude), de grands fossés longitudinaux où coulent maintenant la Loire et l’Allier dans la partie centrale, et toute une éclosion de volcans qui donnent les sommets les plus accusés du massif (chaîne des Puys, plomb du Cantal, puy de Sancy); enfin, des plateaux calcaires, soulevés avec l’ensemble montagneux, constituent les Causses. Le bastion que forme le Massif central est à la fois un puissant château d’eau et un obstacle encore efficace aux voies de communication terrestres: aussi, les grandes villes y sont rares et implantées dans les trouées (Clermont-Ferrand, Saint-Étienne). Enfin, au nord-ouest, les collines de Bretagne, de Normandie, de Vendée se rattachent au même ensemble géologique: le Massif armoricain, masse de cristallins et de terrains primaires fortement plissés, a été raboté comme le Massif central pendant une très longue période, mais moins bousculé au Tertiaire, puisqu’il était plus éloigné des manifestations du plissement alpin. Seules quelques bandes de roches particulièrement résistantes ont une certaine importance topographique, dépassant 300 m d’altitude en quelques rares points alignés le long des crêtes de quartzites des monts d’Arrée.Enfin, à l’est et au sud-est se trouve la partie du territoire français qui a été la plus profondément bouleversée par les récents mouvements de plissements: montagnes plus élevées (le point culminant en est le mont Blanc qui, avec 4 807 m, est le plus haut sommet d’Europe), vallées étroites, coincées entre le bâti hercynien soulevé dans les Vosges et le Massif central, et dernières avancées des chaînes plissées du Jura et des Alpes. Les sommets de ces ensembles montagneux jalonnent les frontières qui séparent la France de la Suisse et de l’Italie. Le Jura est une petite montagne en croissant, correspondant à des plissements assez prononcés de couches sédimentaires essentiellement faites de calcaire secondaire. Les Alpes, puissantes et variées, comportent deux parties différentes: les Alpes du Nord, plus vigoureuses, plus régulières, se divisent en quatre zones parallèles de l’est à l’ouest (les Préalpes; le sillon subalpin où se développe Grenoble, la plus grande ville des Alpes européennes; les hauts massifs alpins, avec le mont Blanc et le Pelvoux notamment; la zone intra-alpine que découpe la frontière franco-italienne); ces zones sont traversées par de profondes et larges vallées, anciennes auges glaciaires qui facilitent les communications et même la présence de villes et d’usines, cependant que les hauts sommets neigeux recèlent des possibilités touristiques. Au contraire, les Alpes du Sud, plus basses, plus confuses, moins enneigées, plus arides, offrent beaucoup d’obstacles à l’homme et peu de compensations économiques. Entre l’Espagne et la France, la chaîne pyrénéenne présente, du côté français, une série de puissants escarpements constitués d’abord par des terrains secondaires fortement plissés, dominés par la zone axiale granitique compacte; elle est peu favorable à l’installation humaine et constitue une barrière peu aisée à franchir.Dans les couloirs de plaines qui séparent les zones montagneuses entre elles, ou qui les bordent le long de la mer, ont pu se développer de grandes villes, comme Strasbourg sur l’axe rhénan, Lyon, important carrefour de voies de passage, Marseille, porte française sur la Méditerranée, Nice, capitale de la Côte d’Azur.2. Diversité des influences climatiquesÉtant donné sa situation mi-océanique, mi-continentale, la France est soumise à deux grandes influences climatiques; l’ouverture sur la Méditerranée au sud-est ajoute encore à cette variété. Si le climat est généralement tempéré, les diversités régionales sont assez marquées, et les phénomènes excessifs rares, mais parfois très violents. On peut distinguer trois types de climats.Le climat océaniqueLe climat océanique s’étend largement en France; sa pénétration est favorisée par la disposition même du relief, qui incline vers l’Océan les plaines soutenues par des montagnes, dont les pentes dissymétriques s’élèvent graduellement d’ouest en est. L’océan Atlantique, prolongé par la Manche et la mer du Nord, exerce son influence de deux manières: d’une part, par contiguïté (cette énorme masse d’eau maritime, qui se réchauffe et se refroidit moins vite que la terre, est une source de fraîcheur en été, de tiédeur en hiver); d’autre part, par la circulation atmosphérique qui, à ces latitudes, se fait essentiellement d’ouest en est et se traduit sur l’ensemble du territoire par la prédominance accusée des vents de secteur ouest. En outre, la France est située à un véritable carrefour où se combinent, avec des prédominances variables, les influences d’un certain nombre de centres de hautes et de basses pressions, les uns permanents, comme le centre anticyclonique des Açores ou le centre de basses pressions d’Islande, les autres saisonniers, comme le centre anticyclonique de Sibérie en hiver, ou même variables au cours de l’année. Selon la disposition relative des centres permanents et des centres variables, un certain nombre de fronts se créent, le long desquels les perturbations se déplacent. Le trajet des dépressions cycloniques qui abordent le territoire français est essentiellement d’ouest en est.Pour toutes ces raisons, la région française qui a le climat le plus océanique est la péninsule bretonne; les influences océaniques sont encore renforcées par la dérive des eaux chaudes atlantiques qui frôlent la côte septentrionale. Ces caractéristiques exceptionnelles ont permis la présence d’une végétation originale (mimosas et palmiers dans les jardins) et la pratique de cultures maraîchères et de primeurs. À Brest, en janvier, la moyenne ne descend pas au-dessous de 7 0C; à Roscoff, le nombre de jours de gelées n’est que de douze par an. À l’inverse, les étés sont frais (juillet et août à Brest: 17 0C): il y a donc une faible amplitude annuelle. L’humidité en revanche est forte: la quantité des précipitations n’est pas excessive (de 800 à 900 mm sur la côte occidentale), mais les pluies sont fréquentes, avec un maximum de saison froide, d’octobre à mars; elles tombent souvent sous forme de crachin, de petite pluie fine, et l’on compte deux cent vingt jours de pluie à Brest. Le ciel est rarement pur: les nuages succèdent rapidement au soleil, et inversement; les brumes, ou tout au moins l’humidité atmosphérique qui troublent les lointains, sont très répandues. Les vents soufflent toute l’année et, un jour sur cinq, leur vitesse dépasse 60 km/h. Ce climat de douceur et d’humidité se dégrade rapidement à mesure qu’on s’éloigne de la péninsule bretonne: vers le nord de la France, en raison de la latitude plus septentrionale; vers la côte aquitaine, par le réchauffement des étés et le rafraîchissement des hivers, dus à l’océanicité moindre. Dès qu’on gagne l’intérieur, que ce soit le Bassin parisien ou le bassin d’Aquitaine, le contraste thermique augmente et l’humidité diminue. À Paris, la moyenne de janvier n’est que de 2,1 0C, celle de juillet atteint 19 0C; il n’y tombe que 550 mm de pluie par an. Le climat parisien est en réalité un climat de transition entre influence océanique et influence continentale: en hiver, le temps doux, humide, venteux, traduit l’arrivée des vents d’ouest, tandis que les jours clairs, ensoleillés et froids témoignent de l’avancée de l’anticyclone eurasiatique; cela explique aussi la répartition des pluies au cours de l’année: au maximum de fin d’automne et de saison froide, d’origine océanique, s’ajoute un maximum secondaire très important l’été, dû aux orages caractéristiques du climat continental. La forêt, à l’origine, et les céréales, actuellement, s’accommodent bien de ce type climatique.À mesure que l’on s’élève sur le versant occidental des montagnes françaises, le climat océanique se transforme en un climat montagnard, humide, froid en hiver, frais en été. Ainsi, les précipitations atteignent entre 1,5 et 2 m sur la majeure partie de la chaîne pyrénéenne, du Massif central, des Vosges, sur les Préalpes du Nord; elles dépassent 2 m sur les sommets des Pyrénées occidentales, les grandes Alpes, la crête des Vosges; dans ces dernières régions, elles tombent fréquemment sous forme neigeuse. À Clermont-Ferrand, pourtant dans un bassin abrité, le nombre de jours de gel atteint quatre-vingt-seize. Les vallées et les versants orientaux abrités sont plus secs et soumis à d’autres influences.Le climat continentalL’est de la France, et surtout les couloirs de plaines abrités des influences directes de l’Océan par des remparts montagneux – comme l’Alsace, les plaines de la Saône et celles du Rhône moyen jusqu’aux environs de Montélimar –, subissent, par le relais de l’Europe centrale, l’influence continentale venue de la masse eurasiatique. Les contrastes thermiques s’accentuent: les hivers sont froids, avec des gelées tardives; les étés, chauds et même lourds, accompagnés d’orages. À Strasbourg, on passe d’une température moyenne de janvier de 0 0C à une moyenne de juillet de 20 0C. Les précipitations diminuent: elles sont particulièrement faibles (environ 500 mm) dans la région de Colmar et au pied des Vosges; Strasbourg, avec 700 mm, est plus arrosé: le maximum des précipitations a lieu en juin-juillet, mais l’hiver y est sec, froid, ensoleillé. Dans les plaines de la Saône, l’hiver est moins rigoureux et les pluies tombent en été et en automne. Dans ces couloirs, les vents sont déviés et soufflent du nord; c’est la «bise», redoutée en hiver. Cette zone climatique – qui ne relève pas encore du climat continental proprement dit – est donc loin d’être uniforme. La présence d’une ride montagneuse peut encore accentuer les contrastes: Nancy a une température moyenne de janvier de 0,5 0C, connaît quatre-vingt-quinze jours de gel par an et reçoit 808 mm de pluie; sur les hautes Vosges, il tombe plus de 2 m d’eau, et le nombre de jours de gel dépasse cent trente; les collines sous-vosgiennes, en revanche, reçoivent moins de 600 mm et conviennent à la culture de la vigne. De même au bord du Massif central, les prés du Charolais humide s’opposent aux coteaux exposés à l’est du Beaujolais et du Mâconnais, couverts de vignobles.Le climat méditerranéenLe troisième grand type de climat est dû à l’influence de la Méditerranée, mer fermée, bordée au sud par les terres chaudes de l’Afrique, et qui apporte jusqu’aux rivages français un sensible échauffement. Son rôle est encore accentué par l’espèce d’écran montagneux formé par les Alpes, le Massif central et les Pyrénées, qui protège les plaines côtières des influences directes venues du nord ou de l’ouest. Depuis les crêtes des Alpes du Sud jusqu’aux rivages de la Provence ou de la Côte d’Azur, dans la vallée du Rhône à partir de Montélimar, sur le versant sud-est des Cévennes et de la Montagne Noire, et depuis les Pyrénées orientales qui s’abaissent progressivement vers la mer, règne un climat où la lumière est vive, la pureté atmosphérique généralement remarquable. Les hivers y sont doux (la température moyenne de janvier est à Perpignan de 6,9 0C, à Nice de 7,8 0C; le nombre de jours de gelées n’atteint que 28 à Marseille, 13 à Nice). La forte chaleur de l’été, appréciée sur le littoral rafraîchi par la brise marine, est parfois accablante dans l’intérieur (juillet: 24,2 0C à Avignon, 26 0C à Nice). Cet été chaud est relativement sec, et même parfois très sec, puisqu’à l’est de Toulon il n’est pas rare d’avoir plus de deux mois sans pluie. Pourtant, la quantité totale de précipitations est aussi forte à Nice (800 mm) qu’en Bretagne et plus abondante qu’à Paris (548 mm). Toute la différence réside dans la manière dont tombent les pluies: elles sont souvent très violentes, mais elles ne durent pas; les saisons les plus arrosées sont l’automne, puis le printemps. Pendant ces saisons, la trajectoire des dépressions océaniques passe fréquemment sur le sud de la France et engendre des pluies jusque dans le domaine méditerranéen. Ce climat est très différent du climat océanique: l’amplitude est beaucoup plus forte (18 0C en moyenne à Nice contre 10 0C à Brest); la douceur de l’hiver peut être coupée par de soudaines vagues de froid; l’air est d’une pureté incomparable et la stabilité du temps bien affirmée.La nature méditerranéenne est une nature violente: les torrents, à sec plusieurs mois de l’année, débordent brusquement au moment des pluies; les sommets des montagnes sont dénudés et rocheux; la végétation, comprenant de nombreux arbres toujours verts (chênes verts, chênes-lièges, pins), comporte également beaucoup de plantes épineuses: le maquis et la garrigue sont des formations buissonnantes, sans valeur économique. Enfin, des vents impétueux soufflent de la périphérie vers les plaines méditerranéennes: le plus connu en est le mistral, qui emprunte le couloir de la vallée du Rhône et balaie durement les plaines cultivées du bas Rhône et les rivages ensoleillés de Provence. Pour protéger les cultures, il a fallu créer un véritable réseau de haies de cyprès ou de roseaux. Enfin, sous un tel climat, l’irrigation est à peu près partout nécessaire.Un des points où l’on peut le mieux saisir le contraste entre climat océanique et climat méditerranéen est le massif de l’Aigoual (1 565 m) où s’opposent les forêts de conifères d’un long versant occidental humide, en pente douce, à la nudité dépouillée des pentes rapides, griffées par les torrents, descendant vers la Méditerranée, sur lesquelles pousse, un peu plus bas, la forêt de châtaigniers.
Encyclopédie Universelle. 2012.